011-13/04/1991 : Georges Seurat «Le nœud noir» n° 2693
Georges Seurat « Le nœud noir »
"L'art, c'est l'harmonie. L'harmonie, c'est l'analogie des contraires, analogie des semblables, de ton, de teinte, de ligne, considérés par la dominante et sous l'influence d'un éclairage en combinaisons gaies, calmes ou tristes". Georges Seurat.
Isolé dans son siècle finissant, artiste sans voies qui mènent à lui dans le sillage de ses devanciers, Seurat serait-il un peintre ayant trouvé dans le crayon son meilleur mode d'expression? Vue de dos, la jeune femme au Nœud noir émerge, de plus en plus sculpturale, de la zone d'ombre noire de la partie droite du dessin. La lumière, vive à la gauche de sa silhouette, effleure son bras droit, caresse son chapeau, pour la présenter à la fois nette et floue. Le modèle, debout, fait l'éloge de la verticalité, si présent dans l'œuvre du maître , la verticale est à elle seule un ordre, un catalyseur de forces de la composition qui met en valeur toutes les autres lignes. L'artiste ici, ainsi que dans ses autres dessins, renonce totalement au trait , ce sont des masses d'ombre et des masses de clarté qui, en s'interpénétrant, forment les contours , elles rendent du même coup perceptibles les rayonnements qu'échangent le corps et son milieu , il n'y a plus de frontières entre l'espace et les volumes. Ordinairement dans les dessins au crayon Conté, les noirs sont toujours les pleins, les blancs, les vides , ici le bras blanc est potelé à souhait et les noirs signifient l'espace vide. On comprend dès lors que les visions involontairement oniriques de Seurat aient suscité l'enthousiasme des surréalistes. Ces dessins ne sont-ils pas déjà des frottages? Max Ernst frottera de son crayon une feuille posée sur les reliefs d'un parquet , Seurat, lui, exploitait la surface même du papier. Sous le léger passage de la main, les frottis laissés sur les vergetures du papier provoquent un pullulement de tracés sans bordure, moins concentrés que les points de ses toiles, mais de même expression.
Reconnu aujourd'hui (mais il n'avait vendu à sa mort que quelques toiles) comme le chef de l'école néo-impressionniste, Seurat se situe, par ses recherches chromatiques, dans la lignée des peintres de la lumière. Mais il est aussi, par sa passion pour la science, un promoteur des temps nouveaux. Codifiant le système de division des couleurs, il a tenté d'établir une méthode sans incertitude et sans hasard. Seul un petit noyau d'amis comprit l'importance de son oeuvre (à propos de laquelle Félix Fénéon a inventé le terme de "néo-impressionnisme"). C'est à leur demande qu'il consentit à formuler ses théories et à les rendre publiques. Il mourut peu après, en 1891, à peine âgé de trente-deux ans. ( source : https://www.laposte.fr/toutsurletimbre )
Mis en page : Jean-Paul VERET-LEMARINIER ( signature )
Gravure : Claude DURRENS
D’après un tableau de Georges-Pierre Seurat
Impression : Taille-douce Tirage : 4 522 541 ex
1er jour le 13 avril 1991 Retrait le 15 mai 1992
Date de dernière mise à jour : 25/11/2018